En ce 8 mars, journée dédiée aux droits de la femme, nous mettons en lumière le travail d’une équipe menée par Aude Le Mentec à Hautepierre. Au sein de la crèche Balthazar, enfants et parents sont accueillis depuis 2008. Quartier où plus de 50 nationalités se côtoient, la précarité est également présente. Elle touche les familles, les jeunes et plus particulièrement les familles monoparentales. Retour sur cette expérience avec une directrice motivée et animée par l’envie d’aider “les mamans qui se démènent au quotidien”.
Aude, quelles sont les familles majoritairement présentes au sein de la crèche ?
Nous faisons le constat qu’un enfant sur trois se retrouvent dans une situation où majoritairement ce sont les femmes qui portent toutes les responsabilités familiales. Des mamans qui prennent la décision de quitter un conjoint violent ou orientées par le CADA ou également reprenant un emploi pour subvenir aux besoins de la famille… Depuis un an, la situation se stabilise, il n’y a pas d’augmentation. Elles se démènent pour retrouver leur autonomie financière et familiale, elles ne manquent pas de courage au quotidien.
Vous parlez du courage des mamans, est-ce que ces mamans solos doivent affronter des difficultés supplémentaires ?
Très souvent, sans bagages professionnels, elles sont isolées et traversent des situations de grande précarité. Elles acceptent des emplois précaires avec des horaires décalés. Elles peuvent alors accéder à une place en crèche, mais elles ont besoin d’un accueil adapté à leur horaire. Malgré les obstacles, ces mamans se battent et sont rarement démissionnaires. Je me souviens d’une maman partie de rien : sans emploi et sans formation. Au bout de 3 ans, elle a trouvé un emploi puis s’est formée en tant qu’ambulancière par la suite.
Face à ces situations de vie, quel rôle joue la crèche Balthazar pour ces mamans ?
Les horaires atypiques, nos places « AVIP » favorisent le retour des mamans vers l’emploi et la formation en leur dédiant 4 places. Notre soutien éducatif à la parentalité est reconnu, les mamans n’hésitent plus à nous solliciter. Si la situation se détériore, elles viennent également demander une aide alimentaire provisoire pour les enfants. De plus, un travail étroit avec la PMI et les partenaires du quartier nous permettent de conseiller et orienter les mamans vers les bons interlocuteurs. Notre conviction est d’être dans une communication bienveillante avec une priorité : le bien-être de l’enfant.
Auriez-vous encore un mot à ajouter pour conclure ?
Nous restons admiratives de ces mamans qui montrent une capacité à rebondir malgré l’adversité qui nous bluffe. La crèche Balthazar incarne un lieu d’accueil pour les enfants et les parents comme cela est défini dans la proposition n°10 du plaidoyer « Prendre le parti des jeunes » : Que les crèches deviennent des lieux d’accueil pour les enfants…et les parents
Comment ?
En concevant comme des lieux d’accueil des tout-petits doit devenir aussi un espace d’aide à l’insertion professionnelle des parents. Il faut donc pouvoir y déposer ses enfants quand on a besoin, avec une amplitude horaire d’accueil adaptée à des situations diverses. La crèche devient un espace polyvalent où les parents trouvent leur place et sont épaulés si besoin pour leur recherche d’emploi.
Aude Le Mentec est en poste au multi-accueil Balthazar depuis 2018. En Février 2021, sur proposition d’Auteuil Petite Enfance, elle reçoit l’insigne de chevalier dans l’ordre du Mérite national.