Les adolescentes s’engagent au Congo !

Cet été, 9 adolescentes de la Maison Saint-François d’Assise se sont envolées à destination du Congo.  Sur place durant trois semaines, elles se sont chargées d’animer des ateliers éducatifs, préventifs, artistiques ou sportifs en partenariat avec la Maison des enfants de Nazareth et la paroisse Notre Dame de Fatima situées  à Brazzaville. Entre découverte de la culture et d’un nouveau mode de vie, les jeunes filles ont appris à apprivoiser la différence tout en dépassant leur zone de confort. Ce voyage reflète l’engagement de la Fondation Apprentis d’Auteuil de favoriser l’ouverture au monde des jeunes grâce à l’organisation d’action éducative de solidarité internationale.  Retour sur cette aventure humaine et solidaire avec Anna, Anne-Lydie et leur éducateur Cyril quelques jours après une soirée de restitution organisée au sein de la Maison d’enfants Saint-François d’Assise, vendredi 11 octobre.

Quelles étaient vos premières impressions en arrivant à Brazzaville ?

Anna, Anne-Lydie : On avait hâte de découvrir le pays ! On a eu la chance de faire un voyage…Pour la majorité des filles du groupe, c’était leur premier vol, alors quand on a atterri, on était déjà rassurée !  A l’aéroport, on a été accueilli par Nazaire, un des responsables de la Maison des enfants de Nazareth avec un petit groupe de filles de la paroisse. On découvert le lendemain que la Maison des enfants se situait en face d’une des maisons du Président. Il y avait beaucoup de gardes…

Cyril : Très vite, le groupe a  remarqué les contrastes qui existait dans ce pays. L’environnement dans lequel se situe la Maison des enfants de Nazareth a fait beaucoup réfléchir les jeunes filles. L’orphelinat est situé dans un quartier résidentiel hautement sécurisé et « luxueux » par rapport à l’orphelinat.  Elles se sont demandées pourquoi le Président n’intervenait pas dans ce type de situation.

Comment avez-vous vécu vos premières rencontres avec les jeunes?

Anne-Lydie, Anna : les petites étaient à la recherche d’affection, le lien s’est fait rapidement. Avec les adolescentes de la paroisse, cela a mis plus de temps. Nous avons ensuite fait une sortie toute une journée avec elles, cela nous aidé à mieux nous connaître.  A l’orphelinat, la réalité nous a fait ouvrir les yeux. On a la chance d’avoir des éducateurs. L’Etat nous prend en charge en France. Là-bas, les enfants n’existent pas.

Cyril : Nous intervenions à l’orphelinat auprès  de 45 enfants  âgés de 2 à 17 ans, dont 5 jeunes porteurs de handicap. Les jeunes filles de la paroisse Notre Dame de Fatima étaient âgées 13 à 24 ans environ. Les adolescentes ont remarqué les différences qu’il existe entre la prise en charge au Congo et celle en France, notamment du nombre d’adultes présents. A l’orphelinat, il n’y a que 3 adultes dont sœur Marie Thérèse pour s’occuper de 45 enfants.C’est à son initiative que cet orphelinat est né, elle a voué sa vie à ces enfants abandonnés.

Comment s’est organisé votre quotidien le temps du séjour ?

Anne-Lydie, Anna : On commençait la journée par le marché avec « notre maman », la dame chargée de la cuisine que l’on appelait comme ça. On partageait ensuite notre temps entre l’orphelinat les matins, où l’on proposait des activités aux enfants et les activités avec les adolescentes de la paroisse les après-midis. On s’est occupé  de l’apprentissage de l’hygiène dentaire, en montrant une méthode efficace pour se brosser les dents. On avait apporté ce qu’il fallait : brosse à dents, dentifrice…On a pu s’occuper de la rénovation de la cuisine, des ateliers sportifs, d’hygiène bucco-dentaire, d’apprentissages réciproques d’expressions issues du Lingala et du françai, lecture de contes et des ateliers dessins. J’ai pu proposé un atelier foot et on a fini le séjour par l’organisation de grandes olympiades avec 8 animations : foot, jonglage, molky, course…Il y avait des petits cadeaux à gagner comme des chaussures, des habits, des bonbons…

Cyril : Avant la mise en place d’ateliers, l’équipe a encouragé les filles à créer du lien. Tous les soirs, nous nous réunissions après les repas afin de faire le point et réfléchir ensemble aux activités à mettre en place. Cela a permis de construire avec elles des ateliers et des activités pertinents.Par exemple, lors de notre présence à la Maison des enfants, Anna s’est occupé d’un petit garçon  porteur de handicap qui ne savait pas bien marcher. Elle a remarqué qu’en le sollicitant, il apprenait vite. Elle s’est donc chargée de l’aider chaque jour, de le mobiliser, ce qui lui a permis de s’ouvrir davantage au monde qui l’entourait.

Pour conclure, que retenez-vous de cette expérience ?

Anna, Anne-Lydie : On a passé un bon séjour. C’est un pays où il y a pire que les histoires qu’on a entre nous….Par rapport à là-bas, c’est rien. Je suis marquée aussi par le fait que les filles congolaises sont très respectueuses des adultes. C’est inimaginable pour les filles de répondre aux adultes par exemple…J’ai été marquée par l’arrivée de Nicolas Truelle[i]. Je ne pensais pas que je pourrais échanger avec lui, c’est devenu possible grâce à sa présence lors du séjour. Puis, partager le quotidien avec les éducateurs, c’était super ! Tout m’a plu…Je me suis vite habituée au mode de vie.

Cyril : Le travail fait en amont par François-Xavier KURTZ, coordinateur du projet, ainsi que par l’ensemble de l’équipe éducative, a permis un séjour serein avec nos différents partenaires. Ce séjour a demandé une organisation et un travail important en amont, pour une expérience très positive. Durant ce séjour, les jeunes filles se sont montrées attentives aux retours des adultes. Nous sommes fiers d’elles et de leurs réalisations. Elles ont compris que même si la culture n’est pas la même, le lien et la relation sont possibles. Elles ont expérimenté avec succès ce qu’est l’ouverture à l’Autre dans un pays différent du leur, avec une observation fine d’un autre mode de vie.

Nous tenions à remercier tous les partenaires et plus particulièrement la Ville de Strasbourg, le Crédit Mutuel des Professionnels de la santé, l’association Sing’n Joy, les professionnels qui ont fournis du matériel pour les activités et les donateurs.

[i] Nicolas Truelle, Directeur Général d’Apprentis d’Auteuil, a passé quelques jours avec le groupe.