Impliquer les jeunes autrement – les équipes du CAP APR relèvent le défi de la continuité pédagogique

Au nombre des défis à relever en temps de confinement, la continuité pédagogique n’est pas le moindre. A Schiltigheim (67), l’équipe de formateurs du CAP Agent polyvalent de restauration a redoublé d’efforts pour éviter le décrochage des apprentis, en attendant la réouverture de la structure.

Alors que la France sort progressivement du confinement, Benoît Christophe, formateur en cuisine au sein de l’Unité de formation pour apprentis (UFA), créée il y a une petite dizaine d’années par Apprentis d’Auteuil à Schiltigheim, n’attend qu’une chose : rapidement retrouver en classe la trentaine de jeunes qui suivent en alternance sur deux ans le CAP Agent polyvalent de restauration (APR), au carrefour des métiers de cuisinier et de serveur. D’ici là, à l’instar de  l’équipe, il met tout en œuvre pour que chaque apprenti poursuive sa progression vers son avenir professionnel, dans une continuité pédagogique.

Garder le contact

Ces deux mois et plus de scolarité hors les murs ont demandé une grande mobilisation et adaptation de l’équipe pour maintenir, d’une part, le lien avec des jeunes particulièrement vulnérables et, d’autre part, le rythme ainsi que le niveau d’apprentissage. « C’est un défi de chaque jour », admet Aurélien Maignant, Responsable Formation. Surtout quand s’ajoute aux difficultés la fracture numérique, réelle chez ces jeunes pourtant hyper connectés aux réseaux sociaux via leur téléphone mobile, mais paradoxalement sous-équipés en postes informatiques. Et quand ils disposent effectivement d’un PC, peu sont familiers des logiciels de bureautique. Lucas, apprenti en deuxième année, a plus de chance : à 17 ans, ce jeune « geek » possède son propre ordinateur. « C’est évidemment un plus pour produire et rendre ses devoirs » reconnaît-il. Reste à trouver la motivation suffisante pour se mettre devant l’écran. « Moi, je veux décrocher mon CAP et je fais tout pour rendre mon boulot à l’heure depuis la plateforme où on nous dépose les exercices, assure le jeune apprenti. »

S’adapter et inventer

« Pas simple pour tout le monde », explique Benoît Christophe, qui ne donnait jusqu’alors pas de devoirs à la maison, privilégiant le travail de proximité en classe auprès de jeunes ayant besoin d’un suivi personnalisé et d’explications en temps réel. « Porter la même attention à chacun et obtenir le même retour sur investissement, c’est moins évident à distance », observe le formateur. Alors on s’adapte et on implique les jeunes autrement que par des écrits. « En leur lançant des défis culinaires, précise par exemple l’enseignant, ou en leur demandant de profiter d’un repas pour décrire en photos la préparation d’un plat à la maison. » L’équipe fait preuve d’inventivité et de persévérance, jour après jour.

Mobilisation générale

Pour un suivi renforcé, l’équipe de l’UFA intègre une éducatrice qui, aidée par Aurélien Maignant, passe au minimum un appel téléphonique par semaine et par jeune tant que les cours n’ont pas repris en présentiel. Ceci pour continuer d’accompagner chacun dans son parcours d’insertion sociale et professionnelle, mais aussi faire le pont avec la famille et l’entreprise. Les entreprises ont été nombreuses à jouer le jeu de l’aide aux devoirs auprès de leurs stagiaires. Lucas, lui, devra attendre que le restaurant collectif dans lequel il travaille en alternance rouvre ses portes. « Avec les nouvelles mesures d’hygiène, le masque sur le nez toute la journée, c’est vrai que j’appréhende un peu… » Autre motif d’inquiétude pour lui et ses camarades : les modalités d’obtention du diplôme. Aurélien Maignant rassure : « Chez nous, pas d’examen de fin d’année, mais une certification sur la base du contrôle continu. Aujourd’hui, le seul jury, c’est l’entreprise. »

 

Les inscriptions sont ouvertes pour la rentrée 2020 ! Rendez-vous sur la page de l’Unité de Formation par Apprentissage